MOLIERE 1
photo prise sur http://membres.lycos.fr/moliere/photo.html
Molière (1622-1676)
MOLIERE
Stances galantes (1666)
Souffrez qu’amour cette nuit vous réveille ;
Par mes soupirs laissez-vous enflammer :
Vous dormez trop, adorable merveille,
Car c’est dormir que de ne point aimer.
Ne craignez rien : dans l’amoureux empire,
Le mal n’est pas si grand que l’on le fait ;
Et, lorsqu’on aime et que le cœur soupire,
Son propre mal souvent le satisfait.
Le mal d’aimer c’est de le vouloir taire ;
Pour l’éviter, parlez en ma faveur.
Amour le veut, n’en faites point mystère ;
Mais vous tremblez et ce dieu vous fait peur !
Peut-on souffrir une plus douce peine ?
Peut-on souffrir une plus douce loi ?
Qu’estant des cœurs la douce souveraine,
Dessus le vôtre, Amour agisse en roi.
Rendez-vous donc, ô divine Amarante,
Soumettez-vous aux volontés d’Amour ;
Aimez pendant que vous êtes charmante,
Car le temps passe et n’a point de retour.